Sur les routes
Mercredi.
Problèmes de connexion. Mais dans le fond est-ce que ça me dérange vraiment ? Puis-je vivre sans Internet ? Sans voiture, sans télé, sans ceci, sans cela ? N’est-ce pas une occasion de me confronter aux vrais problèmes, à la vraie vie (qui, comme chacun sait, est ailleurs) ?
J’ai revu la personne qui m’avait emprunté 10 euros le 31 décembre. Je pensais qu’elle venait me les rendre; mais pas du tout. Au contraire, elle m’a fait comprendre qu’elle était encore dans le besoin, mais qu’elle m’invitait à son anniversaire je ne sais plus quand, alors que je la connais à peine. J’ai poliment refusé l’invitation ("je suis pris ce jour-là" par je ne sais trop quoi...), et lui ai dit que je ne pouvais décidément pas faire plus, n’étant pas très fortuné. Elle n’a pas insisté et elle est partie. J’ai l’impression que je ne verrai pas de si tôt mes 10 euros… Mais je ne me fais pas de soucis, ni pour elle, ni pour moi.
Jeudi.
Je suis réellement obsédé par L. Elle m’a peut-être jeté un sort, elle aussi ? Je ne la revois plus souvent maintenant, mais j’en garde vraiment un souvenir brûlant, et quand ça ne va pas, il me suffit de penser à elle pour que tout me sourie… J’écris sur elle par ailleurs, je lui écris et ça me fait vraiment plaisir, j’ai l’impression qu’elle est toujours près de moi avec son bras autour de mon cou. Bien qu’elle soit très loin, je m’arrange pour abolir la distance, et je suis bien. En fait, il se passe la même chose qu’avec mon père quand il est parti. Je me rends compte que je vis surtout avec des absents, par nécessité ou par confort.
Vendredi.
Fin février. Une petite pensée pour les Arméniens de l’Affiche Rouge. Sans oublier bien sûr tous les autres, jusqu’à aujourd’hui…
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend...
Ma mère m’a parlé aujourd’hui d’un oncle à elle que je n’ai pas connu. Il ressemblait au joueur d’orgue de barbarie qui passait à la télé, et il avait lui-même un petit manège (comme celui que j’ai vu l’autre jour chez Leclerc ?) qu’il trimballait sur les routes, en compagnie de sa femme et de ma grand-mère. C’est comme ça que ma grand-mère a connu mon grand-père, loin de chez elle. Je m’aperçois que pas mal de mes ancêtres étaient finalement de bons voyageurs, presque des saltimbanques, je devrais peut-être m’en souvenir plus souvent.