Isis, quand nous nous remarierons
Dimanche.
Au réveil : Eyes Wide Open de King Crimson. Garde toujours les yeux grands ouverts, tu ne sais jamais ce que tu pourrais voir...
Les trois sœurs s’étaient réunies dans la pyramide sous les étoiles. La nuit tombait, bientôt je ne vis plus que trois silhouettes indécises qui se parlaient comme dans un rêve. Le vent froid emportait leurs paroles tout de suite. Par la fenêtre, je voyais au loin une autre fenêtre pleine de lumière, je me dis que ce devait être là qu’habite mon amour, dans la direction de l’ouest. Grâce à l'œuf magique, je pourrai bientôt la rejoindre.
Maman, s’il te plaît. Ne m’entraîne pas avec toi là où tu veux aller. Je te préviens, je ne te suivrai pas là où tu vas. Ce sera sans doute dur, mais je ne te suivrai pas. Je ne peux pas t’aider, si tu ne t’aides pas d’abord toi-même. Tu n’as pas le droit de m’entraîner avec toi, je résisterai, ce serait trop injuste et cela ne rendrait service à personne. Il arrive un moment où nous sommes seuls et devons choisir. Moi c’est la vie, et je prierai pour toi si je le peux…
Lundi.
J’ai rencontré M. en ville, elle avait l’air très gênée de me voir. Elle a d’abord fait semblant de regarder une vitrine, puis elle s’est arrangée pour m’éviter, elle ne voulait absolument pas me parler… Ça fait une drôle d’impression, on se demande ce qui se passe avec la personne, pourquoi ce comportement, et est-ce à cause de moi ? Qui est-elle, mais aussi qui suis-je pour provoquer ce genre de choses ? On est forcément renvoyé à soi-même, c’est vrai que dans le passé j’ai pu me comporter comme ça aussi, mais maintenant que j’essaie d’aller plus vers les autres, j’ai du mal à comprendre. En même temps, ce n’est pas ça qui doit m’empêcher de continuer à améliorer mes relations avec les autres…
Mardi.
Je suis allé porter de vieux bouquins aux Archives. C’est fou ce que le savoir est lourd, enfin sous cette forme car maintenant avec Internet on peut s’en passer en partie. D’un autre côté, le temps qu’on passe à apprendre et à s’informer est le même, et c’est aussi lourd dans un sens…
J’ai rencontré W. dans le bus, et il m’a passablement énervé. À un moment donné, je me suis même carrément mis en colère, ce qui m’arrive rarement. Après coup, je me suis rendu compte que c’était surtout sa façon de "parler avec les mains" qui m’avait énervé. J’avais commis l’imprudence de m’asseoir à côté de lui, et W. est le genre de personne qui vous touche l’épaule, le bras, qui vous caresse presque pour vous prendre à témoin. Je le savais, mais c’est la première fois que je l’expérimentais à ce point… En même temps, cela me ramène quand même à cette distance trop grande que je garde avec les gens, et qui va presque parfois jusqu’à une horreur du contact physique…