Retour vers l'humanité

Quantic blues

Mardi. 19 h 00. Je n’étais pas bien, angoissé, envie de dormir, etc. Je me suis allongé un peu, je viens de me réveiller, ça va un peu mieux. J’avais "Heartbreaker" en tête quand je me suis réveillé. Il doit y avoir en effet quelque chose qui me "casse le cœur". En plus de la déprime saisonnière qui pointe le bout de son nez, j’ai l’impression que je ne côtoie pas les bonnes personnes. Évidemment, je sais bien que je dois sortir et voir des gens, mais je crois que je me suis fourvoyé dans une galère que j’aimerais quand même bien quitter un jour. Revenir à l’essentiel : je suis sûr qu’il s’agit avant toute chose d’une confrontation avec quelqu’un, presque un face à face (pas forcément violent), et non "vivre en société" comme je me force à le faire, finalement, depuis un certain temps. Je reste un solitaire, et ce n’est peut-être pas plus mal comme ça. A moi de trouver quoi mettre à la place de la "galère", je ne désespère pas d’y arriver un jour…

J’ai été à la médiathèque changer mes disques. J’ai pris "Dure limite" de Téléphone, la Messe en si de J.-S. Bach, et le premier de Franz Ferdinand. J’ai vu une fille qui me plaisait bien, mais elle n’a pas semblé me remarquer, j’aime autant, j’aurai peut-être l’occasion de la revoir une autre fois dans d’autres conditions…

Mercredi. Ma mère me dit : "Tu me feras penser à… (faire ceci, faire cela...) ?" Je lui réponds : "Ben non, je ne penserai peut-être pas à… Le mieux serait que tu te lèves et que tu fasses cette chose maintenant, non ?" Il y a des gens comme ça qui vous rende d’office responsable de telle ou telle chose que vous n’avez absolument pas demandée. Elle ne s’est pas levée, et, de fait, j’ai complètement oublié après de lui rappeler la chose… C’est pas grave, ça n’était pas important.

A part Bach, je n’aime pas les disques que j’ai empruntés. En fait, je constate que je reviens toujours au blues, et à tout ce qui tourne autour. Ce doit être mon côté mélancolique, le problème c’est que je n’arrive pas à l’exprimer comme le font ces chanteurs et joueurs de blues, et c’est sans doute ce qui les sauve. Il y a dans l’écoute de la musique une passivité qui me dérange, au fond je suis fait pour être actif et je ne me sens jamais mieux que quand je me mets à chanter avec l’artiste que j’écoute.

Jeudi. J’ai vu que certains Africains se faisaient trois entailles sur l’avant-bras pour éviter d’attraper le SIDA. Ça m’a fait penser aux cicatrices que je porte au poignet depuis un certain temps. Quelquefois, quand je les regarde, j’ai l’impression qu’elles pourraient signifier quelque chose, elles me font penser à un idéogramme chinois. Au fond, ce serait une bonne manière de valoriser ces marques indélébiles, de les rattacher à autre chose qu’une vulgaire tentative de suicide. Un mode d’expression comme un autre, en quelque sorte…

Combien de gens meurent avant d’avoir fait le tour d’eux-mêmes ? (Sainte-Beuve)

J’ai entendu hier à la radio une émission sur la physique quantique. Il paraît que certaines particules élémentaires, bien qu’elles soient très distantes les unes des autres, sont en fait très liées et que même elles ne sont en quelque sorte que des aspects d’une seule et même entité matérielle. Je me dis que ce phénomène pourrait exister entre des êtres humains, et qui sait s’il n’y a pas quelque part une personne qui serait un autre moi-même ?