Dans mon coeur...
Mardi. Se fixer des priorités, d’urgence, c’est-à-dire aussi éliminer le reste. Par exemple : écouter de la musique qui dérange, regarder des bêtises sur Internet, faire des mots croisés ou autres jeux, faire mon journal ? Priorités : profiter au maximum du peu de jour, faire une promenade matinale, entreprendre des choses positives, par exemple faire du rangement, préparer mon déménagement, surtout les paperasses et les bouquins que je ne lirai sans doute jamais, les magazines accumulés, etc. Un environnement zen. Rechercher une nouvelle bagnole (quelle horreur !). Se prémunir contre le froid, m’acheter un bonnet ou quelque chose comme ça. Il y a déjà un SDF qui est mort quelque part…
J’ai vu que des handicapés ont joué une pièce de théâtre. Ça s’appelle "Le Cavalier Bizarre", d’un certain Michel de Ghelderode. Il y est question de vieux dans une chapelle, de l’un d’entre eux qui est guetteur, et qui voit paraître un cavalier qui est sans doute la Mort. Mais le cavalier repart en emportant avec lui un nouveau-né… Je trouve que c’est très bien de proposer le théâtre à ce genre de personnes. Ça doit beaucoup les aider. Moi-même, j’y ai souvent pensé, mais je ne me suis jamais résolu à le faire, comme pour beaucoup d’autres choses… Par contre, j’ai écrit un jour une petite pièce, ça a été plutôt difficile, mais à la fin je n’étais pas trop mécontent de moi.
Il paraît qu’en 1954, lors de la bataille de Dien Pien Phu, nous avons frôlé la troisième guerre mondiale, car à ce moment-là les Américains auraient proposé à la France deux bombes atomiques. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de finir l’article, car le docteur est arrivé, et donc je ne sais pas pourquoi ça n’est pas arrivé, sans doute que les Français ont refusé. Il y a moyen je pense de voir ça sur Internet, ou ailleurs (quand j’aurai le temps...).
Mercredi. J’ai mangé au restaurant avec ma mère, et il y avait quelqu’un qui fumait. Décidément, je ne peux plus supporter ça. Même à l’extérieur, quand quelqu’un fume pas loin de moi je le sens et ça me gêne, j’ai l’impression que j’étouffe déjà. Pourtant j’ai fumé, mais c’est peut-être aussi à cause de ça ? En tous cas, c’est là que je me rends compte que la respiration est très importante pour moi, et que vraiment "le souffle, c’est la vie".
Les femmes me regardent tout le temps, comme ce soir dans le bus, je me demande ce qu’elles me trouvent. Elles cherchent sans doute l’aventure, mais qu’est-ce qu’elles connaissent de moi ? A quoi rêvent-elles ? Je suis peut-être un monstre, après tout, qui sait ? A mon avis, elles ont tort de juger sur l’apparence, évidemment si j’étais moins timide je pourrais entrer en contact avec elles, mais je crois que moi par contre j’ai peur de l’aventure…
Je ne sais pas si c’est bien de garder chez moi des affaires de mon frère. Évidemment, ça me fait des souvenirs, mais en même temps quand je vois certaines choses, ça me fait mal au cœur, même après tout ce temps. Il faudrait au moins que je les cache davantage, j’en tiendrai compte quand je serai dans mon nouveau logement. Ma grand-mère disait que les souvenirs, on les a dans le cœur, et pas ailleurs. C’est pour ça qu’elle n’était pas très "cimetières", et qu’elle n’a pas gardé longtemps la tombe de sa propre mère…